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GUSTAVE HUE, BIENFAITEUR DE L’ECOLE PRIMAIRE (FLEMING 2) (1/2)
Par Joël Quatrehomme avec le concours de Jérôme Hue son petit-fils
Le paragraphe ci-après est extrait d’un article sur « L’effilochage et les Elbeuviens » paru en mai 2006 dans le bulletin de la Société de l’Histoire d’Elbeuf avec l’aimable autorisation de son Président Alain Becchia. Sous sa direction, la société aborde dans son dernier ouvrage « Elbeuf au fil de ses rues » (pour voir plus d’infos cliquez-ici).
L’entreprise d’effilochage de Gustave Hue (par Michel Chalumel)
[L’effilochage est l’action de défibrer un tissu de laine, de coton, de jute ou de toutes autres matières textiles pour ensuite les réutiliser sous forme de « bourre » que l'on carde de nouveau et que l'on file . Ce fil (laine « renaissance » dans le jargon), moins cher mais de moindre qualité, servait pour fabriquer des tissus (draps dans le jargon) pour vêtements moyen ou bas de gamme, couvertures, moletons…]
C’est à Jules VOISIN, négociant 4 rue du Cours à Elbeuf, que nous devons la fondation de cette entreprise.
Vers 1857, il crée à Elbeuf, une maison de déchets de laine restée modeste jusqu’en 1870. Dès 1872, son établissement procède au classement et au « triturage » des chiffons et déchets de toutes sortes et en tire d’excellents résultats, proposant jusqu’à 300 variétés de produits différents, s’adressant à toutes les industries lainières.
Le 1er juillet 1894, Gustave HUE, employé de commerce, s’associe avec Jules VOISIN pour former une société en nom collectif de 200 000 francs pour « Achat et vente des laines, fils et déchets ».
Gustave Hue, né à Elbeuf le 19 septembre 1869, 58 Cours Carnot, fils de Victor HUE et de Marie Florentine LEMOINE, mariés à Rouen le 16 avril 1861, est alors chargé de la surveillance du travail et des affaires de l’entreprise. Vers 1900, la société « Gustave HUE & Cie » est prorogée pour trois ans et emploie 80 à 100 ouvrières et 30 à 40 ouvriers, produisant annuellement environ 600 000 kilos de laines « artificielles » ou effilochage.
Portrait et signature de Gustave Hue – Collection privée Famille Hue
Le 11 juin 1902, au décès de Jules VOISIN, suite à un accident de voiture à cheval, l’entreprise continue sous la direction de Gustave HUE, au 16 rue du Pré Bazile. La chronique locale [L’industriel Elbeuvien du 27 février 1904] nous retrace la situation sociale de l’époque …
« Samedi matin, une trentaine d’ouvrières trieuses de chiffons de M. Gustave HUE, négociant en déchets et effilocheur, s’étaient mises en grève parce que dans l’espace de cinq jours, elles n’avaient gagné que 5 francs. L’ouvrière qui avait fait une demande d’augmentation, la femme DUMESNIL, avait été congédiée. Le patron ayant promis de donner aux ouvrières du travail à façon à ce qu’elles puissent se faire un gain supérieur à 1 franc par jour, l’ouvrière renvoyée ayant été reprise, les trieuses sont rentrées à l’atelier. »
Entête de lettre de l’entreprise - Collection privée Etienne Pellerin
[La famille PELLERIN possédait également une entreprise d’effilochage et correspondait avec celle de la famille HUE dans le cadre de leurs activités.]
Le 15 décembre 1925, Gustave HUE, qui à cette date est juge au Tribunal de Commerce d’Elbeuf et gérant à vie de son entreprise, associe à celle-ci René DETUNCQ, alors directeur comptable, dévoué collaborateur et porte le capital de la société à 1 800 000 francs.
Après le décès de Gustave HUE, survenu le 3 avril 1938 [il repose dans la sépulture familiale au cimetière Saint Jean à Elbeuf/Seine], sa veuve, née Marie Louise Céline LUCAS, poursuit l’activité de l’affaire pendant toute la Seconde Guerre Mondiale, secondée par René DETUNCQ, tous deux associés depuis le 25 octobre 1938. Ce dernier met fin à sa carrière en 1945.
Ce sont les fils de Gustave HUE, Robert, Marcel et Xavier, qui poursuivent l’activité de l’entreprise, négoce de laines, teinture, carbonisage et effilochage de tous chiffons.En 1946, Robert HUE se retire avec le rayon laines.
Le 11 février 1953, madame veuve Gustave HUE se démet de ses fonctions de gérante. Marcel et Xavier poursuivent l’activité de l’entreprise qui subit également les effets de la crise textile elbeuvienne, bon nombre de fabricants de draps ayant été leurs clients.
Usine de l’entreprise – Collection privée Famille Hue
S’ajoutent à cela les projets de la voie sur berge et la création du quartier du Puchot. L’usine disparaît en 1973 avec une des plus grandes cheminées de la ville.
La mémoire de Gustave HUE reste présente à La Saussaye (Eure), une rue portant son nom après cession de terrains qui ont permis la construction des premières écoles après 1945.