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QUI ÉTAIT LE DOCTEUR DUNAND ?
Recherches réalisées par Éric PETEL, président du Centre de Recherches Archéologiques et Historiques de Normandie – Société Normandes d’Etudes Préhistoriques (CRAHN-SNEP, 190 rue Beauvoisine 76000 ROUEN). Éric PETEL est également membre de la Société de l’Histoire d’Elbeuf.
Informations tirées de cette plaque :
L’épouse du docteur Tony DUNAND (du Jura) est décédée à Paris le 16 janvier 1879, à l’âge de 44 ans.
Les époux DUNAND étaient des bienfaiteurs de l’église Saint-Martin : « A, de concert avec son mari, reconstruit cette église en reconnaissance de grâces importantes obtenues par l’intercession de Saint-Martin »
Début des recherches et première difficulté : le décès de Mme DUNAND a eu lieu le 16 janvier 1879, à Paris. Mais dans quel arrondissement ? Il n’y a pas d’autre solution que de chercher arrondissement par arrondissement. On trouve rapidement l’acte suivant au nom de « Bernard f. (pour femme) Dunand ».
Acte de décès de Mélanie BERNARD
(Sources : Archives municipales de Paris, 9ème arrondissement)
Eléments nouveaux apportés par ce document :
Nom de jeune fille : BERNARD. Née à Longwy dans le Jura (= Longwy-sur-le-Doubs, au sud-ouest de Dôle)
Elle est dite âgée de 43 ans (et non 44 comme indiqué sur la plaque). Domiciliée au 6 rue de Milan (domicile conjugal). L’immeuble existe toujours.
Recherche de l’acte de naissance de Mélanie DUNAND
Les éléments relevés sur l’acte de décès, vont permettre de poursuivre les recherches en consultant les tables décennales des naissances déclarées entre 1833 et 1842 dans la commune de Longwy-sur-le-Doubs (Jura).
Acte de naissance de Mélanie BERNARD
(Sources : Archives départementales du Jura, commune de Longwy-sur-le-Doubs)
Eléments apportés par ce document :
Mélanie BERNARD est née le 10 janvier 1835 dans la maison de son grand-père, François BERNARD (elle avait donc bien 44 ans au moment du décès). C’était la fille naturelle de Françoise BERNARD, 19 ans, blanchisseuse.
Mentions marginales : « Par acte de mariage contracté à la mairie de Longwy le 2 octobre 1835 entre Philippe Roblin et Françoise Bernard, l’enfant désigné ci-contre a été légitimé. »
Ce dernier point semble étonnant car, une fois reconnue, Mélanie BERNARD aurait dû porter le nom de son père (ROBLIN). Or cela n’a pas été le cas (son acte de décès, ainsi que son acte de mariage seront établis au nom de Mélanie BERNARD).
Acte de mariage d’Antoine, Albin DUNAND et de Mélanie BERNARD
à Lyon, 5ème arrondissement, le mardi 22 mai 1855
L’acte de mariage des époux DUNAND a pu être retrouvé
(Sources : Archives départementales du Rhône, commune de Lyon, 5ème arrondissement)
Mais également l’acte de décès d’Antoine, Albin DUNAND
(Sources : Archives municipales de Paris, 9ème arrondissement)
Eléments apportés par ce document :
Le docteur DUNAND est décédé le 29 décembre 1886 à 10 heures et demi du soir.
Décédé en son domicile 35 rue de Londres.
Il est dit époux de Sophie BERGER (veuf, le docteur DUNAND s’est par conséquent remarié). Il a 58 ans au moment du décès et est né à Lons-le-Saunier (Jura), vers 1828.
Aux archives de Paris, on peut également trouver la mention des convois funéraires qui se sont chargés de transporter les corps (du domicile à l’église puis de l’église au cimetière). Le cimetière de destination est parfois indiqué, ce qui peut permettre de localiser la sépulture.
Convoi funéraire de Mélanie BERNARD
(Sources : Archives municipales de Paris, Répertoire alphabétique de transport de corps)
Eléments apportés par ce document :
Date : 18 janvier 1879 (1ère colonne). Décédée le 16 janvier, son corps est pris en charge 6 rue de Milan (adresse des époux DUNAND), pour un coût de 862,60 francs. Il s’agit d’une somme très importante lorsqu’on la compare aux autres convois funéraires. Cela doit correspondre au fait que le transport s’est effectué de Paris à la Saussaye. Par contre, il n’est fait aucune mention du cimetière de destination.
Le même document a été retrouvé pour le docteur Tony DUNAND :
Convoi funéraire d’Antoine, Albin DUNAND
(Sources : Archives municipales de Paris, Répertoire alphabétique de transport de corps)
Eléments apportés par ce document :
Date : 31 décembre 1886 soit 2 jours après le décès survenu le 29. Le corps est pris en charge 35 rue de Londres (9ème arrondissement), pour un coût de 402,60 francs. Aucune mention du cimetière de destination. Par contre, enterrement de 5ème classe (dans une série qui comprend 9 classes différentes).
(Sources : Registre des sépultures de l’église Saint-Louis-d’Antin, Paris, 9ème)
Il a également été possible de retrouver l’acte de remariage du docteur DUNAND et tout d’abord des publications de bans annoncés dans la presse :
Publications de bans du 10 août 1879 parues dans le Figaro du 11 août 1879
M. Antoine-Albin Dunand, docteur médecin,
et Mlle Marie-Anna-Athénaïs Kamienobrodzki.
Ce mariage n’eut pas lieu puisque le docteur DUNAND se remarie la même année avec Sophie-Elisabeth BERGER (mariage le 21 octobre 1879 à la mairie du 9ème arrondissement)
Mariage annoncé dans le journal Le Gaulois du lundi 6 octobre 1879, page 4
Acte de mariage d’Antoine, Albin DUNAND et de Sophie, Elisabeth BERGER,
célébré à la mairie du 9ème arrondissement le 21 octobre 1879.
Eléments apportés par ce document :
Antoine, Albin DUNAND est né à Lons-le-Saunier le 4 octobre 1828. Il est le fils de Claude, Joseph DUNAND, décédé et de Gasparine, Antoinette, Zoé SIMON, rentière, domiciliée 14 rue de la Chaussée d’Antin à Paris. Le père de Tony DUNAND était fondeur de métaux et fondeur de cloches.
Elisabeth, Sophie BERGER, rentière, née le 3 mars 1833 à Abbeville. Elle vit au moment du mariage à Abbeville chez son père. Elle est la fille de Jacques, Godefroy, Sulpice BERGER, propriétaire et de Catherine, Elisabeth DEQUEN, décédée le 27 janvier 1875 à Abbeville. Elisabeth, Sophie BERGER est veuve de François, Marcel LENFANT, décédé le 23 août 1877 (Abbeville).
L’un des témoins du mariage est « Jean, Joseph CORNELY, homme de lettres, âgé de 35 ans et demeurant 14 rue de Constantinople à Paris ». Il s’agit du journaliste qui fut successivement rédacteur en chef des journaux Le Gaulois, Le Clairon et Le Figaro. Il fonda le syndicat des journalistes français et participa à la création de l’Ecole supérieure de journalisme, première école de journalisme en France. Comme le docteur DUNAND, il était originaire du Jura (1845-1907). Veuve du docteur DUNAND en 1886, Elisabeth, Sophie BERGER est retournée vivre à Abbeville où elle décèdera, le 9 janvier 1889 (en son domicile, 20, rue Charlet).
Acte de naissance d’Antoine, Albin DUNAND
Avec les éléments relevés sur les deux actes de mariage, les recherches peuvent se poursuivre à la recherche de l’acte de naissance d’Antoine, Albin DUNAND.
Sources : Archives départementales du Jura, commune de Lons-le-Saunier
Eléments apportés par ce document :
Né le 4 octobre 1828 dans la maison de ses parents, 51, rue des Salines.
Fils de Claude, Joseph DUNAND, fondeur âgé de 30 ans et de Gasparine, Antoinette, Zoé SIMON, propriétaire âgée de 24 ans.
Dans d’autres actes, le père de Tony DUNAND est dit « fondeur de métaux », ou « fondeur de cloches ».
La rencontre des futurs époux DUNAND
En ce qui concerne les circonstances de la rencontre des futurs époux DUNAND, laissons parler Antoine, Albin DUNAND (les citations entre guillemets sont tirées de son livre "Une révolution en philosophie résultant de l'observation des phénomènes du magnétisme animal : étude physiologique et psychologique de l'homme", 1880, Paris, Berche et Tralin, libraires, 69, rue de Rennes, 405 pages).
« Le docteur Thouveney, lors de son départ pour Paris, me laissa encore bien souffrant des suites d’un accident de chasse qui me fit perdre l’œil droit. Trois forts éclats de capsules avaient pénétré dans cet organe, et une fièvre cérébrale s’ensuivit ; en sorte que pendant trois mois on craignit pour mes jours. Une fois les capsules sorties, la convalescence fut longue ; même de ce jour ma santé périclita de plus en plus. » (page 253).
Cet accident survint après plusieurs blessures antérieures à la main (avec la même boîte de capsules). Ne connaissant pour seule distraction que la musique, le docteur DUNAND écrit : « Pendant près d’un an, je traînai une existence des plus malheureuses, cherchant partout un soulagement à mes souffrances qui allaient toujours croissant. » (page 258).
Puis, plus loin : « Ce même jour un voisin conseilla à mes parents désolés de consulter une de ses parentes âgée de 14 ans qui, malgré son jeune âge, opérait des cures surprenantes, dirigées par l’examen des urines du malade. » (page 259).
La consultation de cette jeune fille eut lieu : « Mon nouveau médecin arriva accompagnée de son père, cultivateur à Chaussin, près Dôle (Jura). C’était une jeune fille à type angélique : figure ronde, peau de satin, cheveux blond vif, yeux bleus brillants de lumière ; avec cela une expression générale de bonté et de grâce. Elle était vêtue d’une robe bleu clair, semée de trèfle bleu plus foncé, la robe venait un peu plus bas que les genoux ; en un mot elle avait les vêtements d’un enfant, vêtements complétés d’un chapeau de paille très simple, car on était au mois de juillet. » (page 259).
On est donc en juillet 1849 (Mélanie BERNARD, née en janvier 1835, est dite âgée de 14 ans) et Antoine, Albin DUNAND a par conséquent 21 ans. L’accident de chasse a très vraisemblablement eu lieu à l’automne 1848 (« Pendant près d’un an… »). Après avoir rencontré Antoine, Albin DUNAND la jeune Mélanie déclarera à son père « Va et fais ce que je t’ordonne car je vois que je puis guérir ce jeune homme qui sera mon mari dans cinq ans. » (page 261).
Comme on le voit, Mélanie BERNARD est décrite par son mari comme ayant des pouvoirs de guérison. Ce sont ces pouvoirs qui vont orienter le docteur DUNAND vers les études de médecine et, une fois médecin, vont l’inciter à se pencher sur le phénomène du magnétisme comme nous le verrons plus tard.