Au fil des années, le travail de sape des intempéries avaient dégradé la croix et la sculpture en bois du Christ du calvaire au cimetière Saint Louis. La protection en zinc était elle-même devenue inefficace à cause de la corrosion.
Suite à une sollicitation de M. Goubault de Brugière, dont la tombe familiale jouxte le calvaire, le Conseil Municipal décida en mars 2016 d’engager des travaux de restauration.
Les travaux de menuiserie (entreprise Laville à Thuit Signol), de couverture (entreprise Henry à La Pyle) et de maçonnerie (entreprise Cauchis à Caudebec les Elbeuf) pour un coût total d’environ 4 200 euros se terminèrent en juillet 2016.
Leur financement fut assuré par : la Commune (2 400€), la famille Goubault de Brugière à l’origine de la demande (1 200€) et l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Saulcéen (600€).
Calvaire avant restauration
Témoignage écrit par M. Goubault de Brugière, donateur et acteur bénévole pour la restauration de la sculpture du Christ.
« Comment être insensible à la déchéance matérielle du Christ, sculpté dans une pièce de chêne réservée pour un tel ouvrage, dominant les tombes du cimetière Saint Louis. Elevé au pied de notre tombe familiale, ce calvaire est comme une main spirituelle qui protège nos défunts et les habitants de notre commune morts pour la France.
Ne pouvant laisser le Christ en cet état et rester sans rien faire pour le « sauver », tout du moins matériellement (humainement il s’en est sorti tout seul), après analyse de plus près du problème, nous sommes intervenus auprès des services compétents de la Mairie en vue de sa restauration.
Mauvaises surprises, il fallait également revoir la couvertine en zinc en mauvais état qui laissait écouler l’eau de pluie sur la sculpture et ainsi la ravageait. La croix elle-même était aussi à reprendre au niveau de la fixation arrière du Christ.
Des devis furent demandés à différentes entreprises. Avec ces compléments, les travaux s’annonçaient plus importants que prévus. Mais nous n’avions pas le droit de reculer et les opérations furent lancées avec :
- Un menuisier pour la croix à reprendre,
- Un couvreur pour la couvertine à refaire,
- Un maçon pour le socle à rénover.
Par contre, la remise en état de la sculpture elle-même n’était pas comprise dans les devis. Pas question de renoncer, il fallait rénover cet ouvrage dans sa totalité. « Bricoleur né », je m’engageais à faire ce travail qui n’était pas une mince affaire.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
La sculpture endommagée fut déposée avec toutes les précautions et dispositions nécessaires pour le démontage, la dépose avec l’élingage, le chargement dans le fourgon du menuisier M. Laville à Thuit-Signol et le transport vers ses ateliers avec les autres éléments démontés.
Le menuisier procéda à la reprise du haut de la croix avec des bois choisis en chêne, dégauchis, rabotés, assemblés par des boulons puis prépara la greffe prévue à mi-hauteur du support existant par un assemblage discret type trait de Jupiter.
De mon côté, à moi de jouer les « apprentis ébénistes » autour du Christ posé sur des tréteaux dans ces mêmes ateliers pour reprendre les différents écueils dus aux dégâts causés par les intempéries, à savoir :
- La tête avec sa chevelure imposante à faire ressortir,
- L’abdomen avec ses muscles digne d’un athlète à conserver,
- La jambe droite avec ses grand et moyen adducteurs, et son grand couturier à sauver,
- Le pied droit avec les orteils et les ongles à reprendre dans leur ensemble,
- Les mains avec plusieurs doigts à refaire et à greffer.
Mon fils Vincent, vint spécialement de la Creuse pour nettoyer, gommer et décaper à blanc la sculpture avant ma reprise de cet ouvrage d’art.
Au préalable, pour conserver les formes d’origine avant décapage, j’ai placé profondément de nombreux tourillons affleurant les niveaux du fini de la structure en bois comme points de repère. Ainsi, après décapage, j’ai reconstitué les reliefs initiaux avec des résines conseillées par le menuisier (sans qui j’aurais peut-être été perdu, merci à lui). Cette solution présentait également l’avantage de constituer une solide armature pour les réparations en surface.
Pour reprendre ces ouvrages de « hautes volées » et mettre en valeur les détails, j’utilisais un outil rotatif de précision avec les accessoires adaptés aux différentes interventions. Pour finir, la peinture fut un « jeu d’enfant ».
Désormais il ne restait que le retour et la remise en place du Christ absent de la « surveillance du cimetière pendant au moins trois semaines ». A ce que nous avons pu savoir ou entendre rien ne lui fut reproché pour son absence prolongée (Même pas un semblant d’échappée de nos morts).
A l’aide d’un échafaudage, la partie haute de la croix fut remise en place, puis le Christ hissé pour reprendre sa place d’antan. La couvertine en cuivre revue à l’état neuf fut installée pour protéger la sculpture restaurée. Pendant ce temps, la commune prit à cœur de rénover le socle en pierre qui en avait bien besoin.
Calvaire après restauration
Il va de soi que ces travaux ayant entraîné des dépenses non superflues pour la commune, notre famille soit la première à participer pour une part.
Aujourd’hui, le Christ sur son piédestal veille à nouveau sur nos morts, certains héros malgré eux, et ses hôtes de passage, quels qu’ils soient. »